Des Armes et de l’Art

La collection d’art d’Emil Bührle contient des chefs-d’œuvre. Mais elle est également controversée. À partir de 1940, la Zürcher Kunstgesellschaft, l’association dont relève le Kunsthaus Zürich, a été étroitement liée à l’industriel de l’armement et collectionneur Emil Bührle. Celui-ci a été membre de la commission des collections, puis du comité directeur. Il a financé une extension du musée, le bâti-ment dit « Pfister », inauguré en 1958. Depuis 2021, une partie de sa collection est exposée en prêt permanent au Kunsthaus. L’entrée de la collection au Kunsthaus Zürich fait fortement polémique. Grâce à son association avec Emil Bührle, la Kunstgesellschaft a profité des activités contestées de ce dernier, mais elle lui a aussi permis d’évoluer dans les cercles influents de Zurich.
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Waffen und Kunst: Die beiden Facetten des Lebenswerks von Emil Bührle werden im Frühling 1954 in einer Fotoreportage des Magazins LIFE dokumentiert. Die beiden Bilder unterstreichen die Selbstverständlichkeit, mit der Bührle die beiden komplementären Facetten seines Erfolgs nebeneinander in Szene setzt

Links: Emil Bührle inmitten der Gemälde seiner Kunstsammlung (Zollikerstrasse 172, Zürich). Foto: Dmitri Kessel, LIFE-Magazine, 1954 © Getty Images.

Rechts: Emil Bührle vor einem Prototyp einer Flugabwehrrakete, auf dem Gelände der CONTRAVES (Seebach, Zürich, heute RUAG Space). Die Fotoreportage umfasst mehrere Dutzend Bilder. Foto: Dmitri Kessel © Time Inc.

Emil Bührle et le Kunsthaus Zürich

Une carrière fulgurante au sein de la Zürcher Kunstgesellschaft (1940-1956)

Pour Emil Bührle, collectionner de l’art est une passion personnelle. Mais pour cet Allemand d’origine, c’est aussi une façon de se frayer une place parmi les réseaux économiques et les cercles patronaux influents de Zurich. Dans ces cercles-là, au début des années 1940, les opinions pro-allemandes sont largement partagées. C’est ainsi qu’il entre à la Zürcher Kunstgesellschaft, l’association dont dépend le Kunsthaus Zürich. 

Dès 1927, Emil Bührle est membre de la Zürcher Kunstgesellschaft. Entre 1936 et 1940 il achète, pour sa propre collection, ses premiers tableaux d’artistes célèbres. Il possède alors plus de 50 œuvres, pour lesquelles il a dépensé 1,4 million de francs suisses. En 1940, il devient membre de la commission des collections qui est responsable des achats du Kunsthaus. C’est son voisin de la Zollikerstrasse, Franz Meyer-Stünzi, également président de la Zürcher Kunstgesellschaft qui l’invite à rejoindre cette commission. Ensemble, Bührle et Meyer-Stünzi contribuent à faire du Kunsthaus un musée au rayonnement national.

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Culture, art and capital: an insight into Emil Bührle’s connections in Zurich in around 1955, from: Matthieu Leimgruber, Kriegsgeschäfte, Kapital und Kunsthaus. Die Entstehung der Sammlung Emil Bührle im historischen Kontext, Kölliken 2021

Hormis leur intérêt pour l’art, d’autres liens unissent les deux hommes : La banque Leu, où Meyer-Stünzi occupe une position dirigeante, entretient depuis les années 1920 des relations d’affaires avec l’usine de machines-outils Oerlikon (WO) de Bührle. Bührle, quant à lui, se range du côté de Meyer-Stünzi en 1946, lorsque celui-ci est mis en cause dans le scandale de la « Requête des deux cents » : en 1940, des milieux universitaires, politiques et économiques de la droite bourgeoise avaient réclamé que le Conseil fédéral interdise à la presse de critiquer l’Allemagne, ce qui revenait à censurer et s’aligner de manière antidémocratique sur l’Allemagne nazie. Le Conseil fédéral n’a pas donné suite à cette requête, qui n’a été rendue publique qu’en 1946, sur pression de la presse de gauche. Bührle lui-même ne l’avait pas signée.

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Emil Bührle’s involvement in the Zürcher Kunstgesellschaft, 1940–1956, from: Matthieu Leimgruber, Kriegsgeschäfte, Kapital und Kunsthaus. Die Entstehung der Sammlung Emil Bührle im historischen Kontext, Kölliken 2021

En 1944, Bührle est élu au comité directeur de la Zürcher Kunstgesellschaft ; en 1953, il en devient le vice-président et prend la présidence de la commission des collections. Dans le comité directeur prévalent des amateurs d’art issus de l’élite économique et financière zurichoise, aux côtés de représentants officiels et de quelques rares artistes. À plusieurs reprises, Bührle rend des acquisitions possibles en avançant les sommes nécessaires.

Il prête régulièrement des œuvres de sa propre collection pour des expositions. En 1943, le Kunsthaus monte l’exposition Ausländische Kunst in Zürich (De l’art étranger à Zurich). Près d’un sixième des 480 œuvres exposées proviennent de la Collection Emil Bührle. En 1950, lorsque le nouveau directeur du Kunsthaus, René Wehrli, organise une exposition d’art européen, Bührle met également à disposition des œuvres de sa collection, laquelle s’est entre-temps agrandie, notamment avec Le Garçon au gilet rouge de Paul Cézanne.

Katalog Kunsthaus Europaeische Kunst 1950

Katalog der Ausstellung / Catalogue of the exhibition Europäische Kunst 13.–20. Jahrhundert aus Zürcher Sammlungen (European Art from the 13th-20th century in Zurich Collections), Kunsthaus Zürich, 6. Juni bis 13. August 1950 / 6 June to 13 August 1950

La promotion des arts

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Bührle s’engage également dans les domaines du théâtre, de la musique classique, de la littérature ou encore dans la promotion des sciences. Il finance par ailleurs la construction de L’Église vieille-catholique à Zurich Oerlikon. Cet engagement a généralement pour but de donner une ligne plus conservatrice à la culture suisse. Il est motivé aussi, en partie, par des considérations fiscales. En 1942, par exemple, il veut faire pression sur l’administration de la ville en finançant la construction d’un nouveau théâtre, afin que le montant passe pour un don déductible de l’impôt sur les bénéfices de guerre. Son action échoue cependant. Le soutien de Bührle n’est donc pas accepté partout avec le même enthousiasme qu’au Kunsthaus. Certains membres de la Société suisse des auteurs (SSA) s’opposent à la création d’un fonds de soutien portant son nom. Bührle crée alors en 1943 la Fondation Emil Bührle pour les lettres suisses et, en 1944, la Fondation Goethe pour l’art et la science, où prédominent des intellectuels de droite.

Le financement d’une extension (1941-1958)
07 Das Kunsthaus Zürich mit dem Erweiterungsbau der Gebrüder Pfister 1959 hd

The Kunsthaus Zürich with the extension by the Pfister brothers, 1959.

Photo: Archiv Zürcher Kunstgesellschaft/Kunsthaus Zürich

Le Kunsthaus a été érigé en 1910 sur le Heimplatz et agrandi à plusieurs reprises depuis, la première fois par l’architecte Karl Moser en 1925. Dans les années 1930, la Zürcher Kunstgesellschaft envisage une nouvelle extension. En 1938, le directeur Wilhelm Wartmann élabore le projet architectural pour un concours d’idées. Or la planification ne démarre que lorsque Bührle, en 1941, verse deux millions de francs suisses au fonds de construction. Cette somme doit être mise en relation avec les 50 millions de francs que Bührle déclare la même année comme revenu personnel.

06 1941 Einladung Baukommission

Invitation from Wilhelm Wartmann to Mayor Emil Klöti, Adolf Jöhr and Emil Bührle to join the construction committee, 26.7.1941.

Photo: Archiv Zürcher Kunstgesellschaft/Kunsthaus Zürich

Le concours d’architecture est prolongé en raison de la guerre. C’est le bureau Gebrüder Pfister qui le remporte en 1944. En 1946, afin d’accélérer le projet, Bührle verse à nouveau deux millions de francs suisses au fonds de construction. Mais la pénurie de matériaux et la priorité donnée après-guerre à la construction de logements repoussent le début des travaux jusqu’en 1954. De plus, soumise au vote, l’augmentation du budget d’exploitation par la ville est refusée, et la Kunstgesellschaft se retrouve dans une situation financière chancelante. Bührle garantit de prendre en charge l’ensemble des coûts de construction si la ville cède gratuitement le terrain à bâtir au Kunsthaus. Tous les partis, y compris le Parti du travail (PdT, communiste), approuvent « le nouveau bâtiment du Kunsthaus et les 6 millions d’argent sale ». La modification du plan du site est votée en 1954.

Bührle décède au mois de novembre 1956 et n’assiste plus à l’ouverture de l’extension en 1958. L’exposition inaugurale dans la salle de 1200 m² – sans piliers et à éclairage naturel – est la première présentation publique de la Collection Emil Bührle et constitue un événement de société. Pendant plusieurs décennies, la « Bührlesaal » est de loin la plus importante salle du genre de Suisse. Elle accueille d’innombrables expositions d’œuvres d’artistes majeures, de Pablo Picasso et Edvard Munch, jusqu’à Pipilotti Rist ou Ólafur Elíasson. Au fil des années, le Kunsthaus peine à dénommer ainsi la salle d’exposition. Avec la présentation de la Collection Emil Bührle dans le bâtiment Chipperfield en 2021, on abandonne définitivement l'appellation « Bührlesaal » dans le bâtiment Pfister et on utilise désormais le terme « Grosser Ausstellungssaal »"(Grande salle d’expositions).

La donation d’œuvres d’art (1941-1956)

En tant que mécène du Kunsthaus, Emil Bührle investit surtout dans l’extension du musée et donc dans le bâtiment dit « Pfister ». Bien que réticent à faire don d’œuvres d’art, cinq toiles entrent dans les collections grâce à lui : La Porte de l’Enfer d’Auguste Rodin, La Montagne Sainte-Victoire de Paul Cézanne, Le Portrait d’un homme avec chien attribué au Titien à l’époque, mais aussi Le Bassin aux nymphéas avec iris et Le Bassin aux nymphéas, le soir de Claude Monet.

08 Die Ausstellung der Sammlung Emil Bührle im Bührlesaal 1958

The exhibition of the Emil Bührle Collection in the Bührle gallery, 1958, Photo: Walter Dräyer.

En 1951, René Wehrli, qui s’est déplacé à l’atelier de Claude Monet à Giverny, retourne à Zurich et relate que « quelques Monet tardifs pourraient y être achetés à relativement bas prix », et que ce serait là « une occasion unique, spécialement pour le nouveau Kunsthaus ». Lorsque Bührle entend parler de ces œuvres, il accepte de les acquérir pour le Kunsthaus avant même de les avoir vues, et ce avec l’argent du fonds de construction pour l’extension du bâtiment. Il considère les tableaux, mais aussi La Porte de l’Enfer, comme faisant partie du nouveau pan du Kunsthaus qu’il a lui-même financé, et se laisse ici guider par la notion du « 1% artistique » – lequel prévoit qu’un pourcentage du montant de la construction soit consacré à l’ornementation artistique de l’architecture.

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From left to right: Dieter Bührle (Emil Bührle’s son), Franz Meyer-Stünzi (Chairman of the Zürcher Kunstgesellschaft), Charlotte Bührle-Schalk (Emil Bührle’s wife), the bust of Emil Bührle by Otto Charles Bänninger, 1956/57 (commissioned by the City of Zurich), Hans Streuli (FDP Federal Councillor) and Hortense Bührle (Emil Bührle’s daughter).

From: 200 Jahre Zürcher Kunstgesellschaft 1787– 1987, Zurich 1987

La collection et le Kunsthaus Zürich après la mort d’Emil Bührle (de 1956 à nos jours)

À sa mort en 1956, Emil Bührle ne laisse aucune instruction sur ce qui doit advenir des œuvres de sa collection. Quatre ans plus tard, en 1960, sa veuve Charlotte Bührle-Schalk et leurs enfants créent la Fondation Collection E.G. Bührle, dont le siège est à Zurich. Ils donnent à cette fondation environ un tiers de l’ensemble de la collection, soit 221 œuvres d’art sur 633. Le reste demeure propriété privée. En procédant à la sélection, ils s’assurent que la structure et l’exhaustivité de la collection voulue par Emil Bührle soient conservées au sein de la fondation. Celle-ci est installée dans la villa familiale de la Zollikerstrasse 172 à Zurich. Elle est rendue accessible au public à partir d’avril 1960 et le sera jusqu’à fin mai 2015. Une partie de la collection sera exposée entre 1961 et 2019 dans différents musées, aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et au Japon.

Dans le sillage du mouvement de 1968 et de l’« affaire Bührle » de 1970 – suite à laquelle le fils Dieter Bührle est condamné pour exportation d’armes illégal vers l’Afrique du Sud et le Nigeria –, la Zürcher Kunstgesellschaft prend ses distances avec la Fondation Collection E.G. Bührle jusqu’au milieu des années 1990.

En 2005, le projet d’une nouvelle extension du Kunsthaus, de l’autre côté de Heimplatz, marque le début d’un nouveau rapprochement. Après les premiers entretiens à la fin des années 1990, un premier accord de principe est signé en 2006 entre la Fondation Collection E.G. Bührle, la Zürcher Kunstgesellschaft et la famille du donateur. Il est alors envisagé de déménager la collection de la fondation dans l’extension prévue. Le conseil municipal de Zurich ainsi que la population soutiennent cet accord lors de la votation de 2012, avec un taux d’approbation de 53,9 % et une participation de 36,5 %. L’extension par Sir David Chipperfield ouvrira ses portes en 2021 et la Collection Emil Bührle y sera intégrée.

La mise en place et l’entrée de la collection de la fondation au Kunsthaus Zürich font l’objet de vives critiques. Le Schwarzbuch Bührle (Livre noir Bührle), publié en 2015 par Guido Magnaguagno et Thomas Buomberger, examine sévèrement le rôle de Bührle dans la politique et la société mais aussi le thème connexe de l’art spolié et des biens culturels confisqués avec les persécutions nazies. En 2016, la ville et le canton de Zurich confient à une équipe dirigée par l’historien Matthieu Leimgruber une mission de recherche sur la contextualisation de la Collection Emil Bührle. Leur rapport paraît en 2020 et met en évidence toutes les imbrications qui font le réseau d’Emil Bührle, en Suisse et à l’étranger, à la fois en tant que producteur et vendeur d’armes et collectionneur d’art. En 2021, l’historien Erich Keller publie l’ouvrage Das kontaminierte Museum (Le musée contaminé) et donne à entendre une voix importante à propos du marketing de la politique urbaine, des évolutions récentes en matière d’art spolié et de la culture mémorielle en Suisse par rapport à la Seconde Guerre mondiale.

La collection de la fondation a été révélée au public par son entrée au Kunsthaus. Dans les médias et l’opinion publique, elle suscite de vifs débats : La collection doit-elle être exposée dans un musée financé à la fois par des fonds publics et privés ? Contient-elle toujours des œuvres volées ou dont la provenance est douteuse ? Comment un État neutre comme la Suisse a-t-il pu autoriser Bührle à vendre des armes aux nazis ? Les œuvres acquises par Bührle doivent-elles toutes disparaître de la vue du public, dans la mesure où il a amassé une grande partie de sa fortune sur la base de relations commerciales avec l’Allemagne nazie?

En raison des vives controverses sociopolitiques et médiatiques autour de la présentation publique de la Collection Bührle dans le « Erweiterungsbau », la ville et le canton de Zurich avec la Zürcher Kunstgesellschaft ont mis en place une table ronde sous la direction de Felix Uhlmann. Celui-ci a chargé l’historien Raphael Gross de vérifier la recherche de provenance de la collection de la Fondation Collection E.G. Bührle. Son rapport est attendu pour l’été 2024.

Le Titien et Paul Cézanne

En 1941, un groupe d’amis du Kunsthaus se rend avec Emil Bührle dans le Paris occupé. Comme l’écrit le président de la Zürcher Kunstgesellschaft Franz Meyer-Stünzi, le but est d’acquérir des œuvres impressionnistes à bon prix et si possible en dehors des restrictions imposées par le clearing. Tous les paiements effectués à l’étranger doivent en effet être approuvés par le service clearing de l’État. Paris est occupé par la Wehrmacht depuis 1940. De nombreuses œuvres impressionnistes sont sur le marché suite aux persécutions des collectionneurs et galeristes juifs.

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Callisto Piazza zugeschrieben, Il gentiluomo con cagnolino, ca. 1540, Kunsthaus Zürich (frühere Zuschreibung: Tiziano Vecellio)

À cette occasion, Bührle acquiert pour le Kunsthaus auprès de la galerie Wildenstein un portrait d’homme considéré comme une œuvre du Titien. En rentrant en Suisse, Bührle omet de la déclarer auprès du service clearing. Cette transaction illégale déclenche un violent conflit avec les autorités. Deux conseillers fédéraux interviennent et le litige est réglé à condition que Bührle verse 40 000 francs suisses à la Kunstgesellschaft pour l’achat du tableau de Paul Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire. L’attribution au Titien du Portrait d’un homme avec chien acheté à Paris n’est pas vérifiable. C’est pourquoi Bührle cède le tableau au Kunsthaus en 1956. Il est aujourd’hui attribué à Callisto Piazza.

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Paul Cézanne, La Montagne Sainte-Victoire, 1902/1906, Kunsthaus Zürich

Auguste Rodin, La Porte de l’Enfer

La Porte de l’Enfer d’Auguste Rodin, qui se trouve depuis 1947 à côté de l’entrée principale du bâtiment Moser, est l’une des donations d’Emil Bührle au Kunsthaus.

En 1880, le sculpteur Auguste Rodin est chargé par l’État français de créer un portail magnifique pour le nouveau bâtiment du Musée des Arts décoratifs à Paris. Le sculpteur propose une porte monumentale en bronze avec des motifs empruntés à la Divine Comédie de Dante. Le musée ne sera jamais construit, mais Rodin a décidé depuis longtemps que ce portail serait une œuvre d’art. Il y travaille jusqu’à sa mort en 1917 et finit par y intégrer 186 figures. Depuis, plusieurs d’entre elles sont devenues célèbres en tant que sculptures indépendantes, ainsi le Penseur sur la partie supérieure. Ce n’est qu’après la mort de Rodin que l’œuvre est coulée en bronze. Il existe à ce jour neuf moulages dans le monde entier. 

Le moulage de Zurich est à l’origine une commande du sculpteur allemand Arno Breker pour la Gemäldegalerie de Linz, qu’Adolf Hitler veut transformer en « Musée du Führer ». Cette ambition de représentation n’aboutira jamais. Bien que des paiements aient été effectués pour La Porte de l’Enfer, aucune livraison ne s’est faite jusqu’à la fin de l’occupation allemande en France. L’œuvre reste propriété de la Fonderie Rudier à Paris.

Rudier l’envoie en 1947, avec d’autres moulages, à une exposition de sculptures au Kunsthaus Zürich. Grâce à une subvention de la ville de Zurich, trois œuvres peuvent être acquises à cette occasion. La Porte de l’Enfer est achetée en 1949 grâce au fonds de construction pour l’agrandissement architectural, donc avec de l’argent de Bührle.

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Auguste Rodin, La Porte de l’enfer, 1880–1917, Kunsthaus Zürich, Geschenk Emil Georg Bührle, 1949